Antibiorésistance Un combat de longue haleine
Si l’élevage français a significativement réduit sa consommation d’antibiotiques ces dernières années, la lutte contre l’antibiorésistance continue sa progression. Vaccins, innovations médicamenteuses, informations et contractualisation font partie des solutions évoquées lors de la table-ronde « Sortir du tout antibiotique », organisée à Paris le 16 mars.
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« L’antibiorésistance va continuer à augmenter dans quasi tous les pays », avertit Francesca Colombo, directrice de la division de la santé de l’OCDE. Bien que modérée en France, « elle est la cause directe de 12 500 décès par an, soit quatre fois plus que les tués sur les routes en 2016 », souligne le député et parrain de la table-ronde, Jean-Baptiste Moreau.
Humains, animaux et environnement partagent les mêmes bactéries. La lutte contre le développement de résistances est donc globale.
En France, l’exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de 36,6 % entre 2011 et 2016. Le second meilleur résultat au niveau européen, juste derrière les Pays-Bas. « Le secteur agricole a montré l’exemple avec les plans EcoAntibio 1 et 2 mais il ne faut pas relâcher les efforts », déclare Jean-Baptiste Moreau.
Trois axes de travail
La lutte contre l’antibiorésistance dans le secteur agricole s’organise autour de trois axes : la prévention (hygiène, vaccination, biosécurité), l’utilisation appropriée des antibiotiques (sensibilisation des éleveurs et des vétérinaires) et l’innovation (développement de nouveaux antibiotiques, de vaccins mais aussi évaluation de méthodes dites alternatives).
« La vaccination doit constituer un principe fondamental de la lutte contre l’antibiorésistance et être plus largement développée », estime Jean-Baptiste Moreau. « Il y a de la défiance de la part de certains éleveurs, reconnaît Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA. Il faut dépassionner tout ça et faire de la pédagogie. » Sur ce point, Christine Fourichon, directrice de l’UMR BioEpAR, insiste sur l’importance de pouvoir apporter des éléments scientifiques de preuve de l’innocuité et de l’efficacité des vaccins en condition d’élevage.
Contractualiser
La vaccination et les bonnes pratiques sanitaires dans les premiers jours de vie des animaux sont des investissements qui limitent par la suite le recours aux antibiotiques. La séparation entre atelier naisseur et atelier d’engraissement induit que, en l’absence d’accord ou de contrat, l’éleveur qui bénéficie du retour sur investissement n’est pas toujours celui qui investit. Comment dès lors inciter les naisseurs à adopter les meilleures pratiques ?
« Une coopérative teste en ce moment la contractualisation entre éleveurs de broutards et engraisseurs », intervient l’un des participants.
« Il nous faut travailler main dans la main avec la filière laitière », ajoute Alexandre Merle, président de la section du veau chez Interbev.
« Nous pourrions nous inspirer de ce qui se fait aux Pays-Bas, et mettre en place un traçage du veau de sa naissance à son abattage, avait déclaré Marc Butruille, président du Syndicat de la vitellerie française, lors du symposium international de la filière du veau, en avril 2017. À terme, nous pourrions imaginer un retour financier au producteur laitier, en fonction de la performance de l’animal. »
Antiparasitaires
« Il faut embarquer le développement de résistances aux antiparasitaires dans notre réflexion », avertit Thierry Pineau, directeur de l’institut Carnot France Futur Élevage. Une opinion que partageait le vétérinaire Laurent Saboureau, il y a quelques jours dans notre journal.
Valérie Scarlakens
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